Prof. Nina-Marie Lister
Lauréate 2021 du Prix canadien Margolese de la conception de l'habitat
Photo de Johnny C Y Lam
Prof. Nina-Marie Lister, Membre de l’ICU, UPC, membre honoraire de l’ASLA
Nina-Marie Lister est une conceptrice écologique et une urbaniste professionnelle certifiée qui amène les gens à se rapprocher de la nature en milieu urbain par la recherche appliquée, l’enseignement et l’exercice de sa profession. Son travail transdisciplinaire fait avancer la conception d’infrastructures vertes qui protègent la biodiversité et se prêtent à des solutions communautaires équitables, accessibles et saines face à la double crise du changement climatique et de la perte de la biodiversité. Par son activisme dans le domaine de la conception, elle prône la coexistence de la faune sauvage et de la population humaine dans des paysages sains et liés entre eux.
Nina-Marie Lister transforme les paysages et les collectivités. C’est une activiste, une pédagogue, une critique, une conceptrice et une championne des paysages viables, équitables, régénérateurs et ouverts à la diversité.
Citation du jury 2021
Mme Lister est professeure et directrice des études supérieures à la School of Urban and Regional Planning de l’Université Ryerson (changement de nom en cours) à Toronto, où elle a fondé en 2006 l’Ecological Design Lab, premier incubateur de recherche communautaire pratique au Canada, centré sur l’écologie et la conception urbaines appliquées. Par l’entremise de ce laboratoire, qui bénéficie de subventions de recherche fédérales et de l’aide financière de fondations, Mme Lister implique les étudiants par le travail auprès de professionnels et de collectivités, les forme et leur donne du soutien à faire avancer la recherche la recherche et trouver des solutions tangibles à des problèmes complexes interdisciplinaires comme la résilience climatique, la biodiversité urbaine et le bien-être humain.
Agrégée supérieure de recherches au Massey College, Mme Lister a été de 2010 à 2014 professeure invitée d’architecture paysagiste et d’urbanisme à la Harvard University, Graduate School of Design. Elle y retournera en 2022 pour y donner un cours de recherche de troisième cycle sur le réensauvagement des paysages. Elle a édité trois livres, dont l’ouvrage fréquemment cité The Ecosystem Approach : Complexity, Uncertainty, and Managing for Sustainability, ainsi que l’ouvrage Projective Ecologies,primé par l’ASLA. Elle est aussi l’auteur de plus d’une centaine d’articles de recherche universitaire et de publications sur la pratique professionnelle.
En tant que directrice fondatrice de PLANDFORM, Mme Lister est impliquée dans une pratique créatrice qui émerge de la collaboration entre professionnels de diverses disciplines. Elle travaille ainsi avec des écologistes, artistes, architectes paysagers, ingénieurs et planificateurs à la mise en application de recherches et au développement de pratiques propices à l’urbanisation des paysages selon une conception écologique de sorte à bâtir des collectivités résilientes face au changement climatique. Par l’entremise du studio de conception PLANDFORM, elle collabore à des projets qui transforment la façon dont les collectivités envisagent les milieux naturels et bâtis, et interagissent avec eux.
En tant que dirigeante communautaire, Mme Lister siège au Waterfront Toronto Design Review Panel, elle est présidente du comité de sélection des bourses postdoctorales Banting du Conseil de recherches en sciences humaines, et conseillère auprès du Biophilic Cities Network, un réseau international.
En reconnaissance de son leadership international en conception écologique, l’American Society of Landscape Architects (ASLA) lui a décerné le titre de membre honoraire [D1] de l’association, et le Center for Humans and Nature[D2] , celui d’agrégée supérieure de recherches du centre. Dans le cadre de son programme de Prix d’excellence et de leadership, le Conseil du bâtiment durable du Canada, section Ontario, lui a remis le prix 2018 d’« Éducatrice inspirée ». Enfin, elle figure au classement de Planetizen comme faisant partie des urbanistes actuels les plus influents.
(Re) connecter les paysages : des infrastructures vertes pour les gens et pour la faune sauvage
C’est grâce au leadership de Mme Lister qu’a été lancée l’initiative ARC Solutions, un partenariat interdisciplinaire centré sur le rétablissement des liens entre les divers paysages nord-américains. Ce partenariat est né de l’International Wildlife Crossing Infrastructure Design Competition (2010), premier concours mondial de conception d’infrastructures de passage de la faune, dirigé par Mme Lister, et qui faisait appel à de nouvelles façons de penser, de nouvelles méthodes, de nouveaux matériaux et solutions pour les structures permettant aux animaux sauvages de traverser les axes routiers. Avec ses partenaires de l’ARC, Mme Lister a depuis mené une série de laboratoires de recherche et de conception, ou « collaboratoires » pour encourager la collaboration axée sur la conception entre professionnels de divers domaines – l’architecture, le génie, la planification de transport, l’écologie et les arts – à partir d’ateliers de recherche appliquée offrant aux intéressés un espace créatif pour l’expérimentation. Les idées, les concepts et les propositions qui émergent de ces « collaboratoires » transdisciplinaires façonnent l’interface entre le milieu urbain et la faune et la flore, au Canada comme à l’étranger. En exploitant les idées et les réseaux qu’elle a développés au collaboratoire de Calgary, Beth Pratt (en haut à gauche), directrice administrative régionale de la National Wildlife Federation (É.-U.) a mis au point avec l’équipe de l’initiative Liberty Canyon Wildlife Crossing le concept novateur d’intégration du paysage pour le projet de 87 millions de dollars réalisé près de Los Angeles.
Traversée sécuritaire aux abords du Liberty Canyon
L’ARC Solutions a été, en partenariat avec l’Ecological Design Lab dirigé par Mme Lister, le catalyseur du financement fédéral d’une subvention de partenariat international pluriannuel regroupant vingt-sept organismes nord-américains en vue de permettre la « traversée sécuritaire » de routes pour les humains et la faune. Par le biais du projet Safe Passages, Mme Lister a élaboré des solutions de planification intégrées et développé la recherche collaborative sur la conception des infrastructures de passage pour la faune pour les générations à venir.
Contestation de l’ordonnance sur les pelouses : biodiversité, règlements municipaux et la ville « biophile »
Par son travail, Mme Lister fait le lien entre la planification urbaine, l’architecture paysagère, l’écologie et l’activisme. En 2020, la ville de Toronto lui a ordonné à de couper la végétation de son jardin, à l’avant de sa maison, pour avoir enfreint le règlement administratif municipal sur les herbes hautes et les mauvaises herbes. Mme Lister a refusé, invoquant la protection de la biodiversité, et a lancé une campagne de recherche et de sensibilisation du public d’un an. Conçu et entretenu comme un pré qui abrite insectes pollinisateurs, abeilles, papillons, papillons de nuit, oiseaux et mammifères, son jardin de Hillcrest est garni de plantes vivaces et d’arbustes indigènes de la région de Toronto. Par les recherches menées avec ses étudiants à l’Ecological Design Lab, par le rôle de conseillère qu’elle joue auprès de la ville de Toronto et par ses activités de sensibilisation avec des O.N.G. locales, le travail d’équipe de Mme Lister a été déterminant dans l’apport de révisions au règlement municipal en 2021. Ce règlement inclut désormais les jardins naturels de plein droit sur les terrains privés, ce qui favorise le rapprochement des citadins avec les paysages locaux et la biodiversité dans leur propre jardin.
Une nouvelle écologie : émergence et adaptation au parc Downsview
En 1999, l’aménagement de l’ancienne base militaire de Downsview à Toronto, d’une superficie de quelque 130 ha (320 acres), avait fait l’objet d’un concours international de conception d’un parc urbain. Travaillant en collaboration avec James Corner Field Operations et Stan Allen, Mme Lister avait introduit dans le concours des idées contemporaines en matière d’écologie. L’illustration ci-dessus a servi de catalyseur de changement dans la représentation du paysage, et introduit la théorie des systèmes complexes à la conception écologique, discipline émergente à l’époque. Par cette illustration et son implication en matière de conception, le travail de Mme Lister en est venu à influer considérablement sur l’architecture paysagère du début du 21e siècle et il est devenu synonyme des idées de processus, de flux et d’émergence dans ce domaine.
Cette reconnaissance contribuera, nous l’espérons, à la diffusion de son travail et de ses idées, mettra en lumière le déséquilibre de la relation que nous entretenons avec les autres espèces et leur habitat, et aidera à trouver des solutions respectueuses de l’environnement pour l’avenir.
Citation du jury 2021